Accueil A la une Blouses blanches : La colère gronde !

Blouses blanches : La colère gronde !

Alors que le syndicat général des médecins, pharmaciens et des médecins dentistes avait prévu  de débrayer aujourd’hui, la grève a finalement été reportée au 25 janvier

Le ras-le bol des blouses blanches des établissements hospitaliers publics ne cesse de s’amplifier. Médecins, pharmaciens, personnel paramédical pointent le manque d’efforts pour trouver des solutions et engager une réforme en profondeur afin de venir en aide à un hôpital public à bout de souffle. L’accès à la santé, qui est un droit fondamental et inaliénable consacré par la Constitution tunisienne, est menacé par la lente et inexorable descente aux enfers des établissements publics de santé qui souffrent de tous les maux face à un secteur privé réservé aux plus nantis et qui affiche une santé insolente. Rien ne va plus dans les CHU, les hôpitaux régionaux et  les dispensaires de plusieurs régions : pénurie de médecins dans plusieurs spécialités, plateaux techniques inexistants, ce qui transforme la réalisation des actes médicaux en calvaire, obligeant parfois des praticiens à rallonger les rendez-vous ou repousser des interventions, infrastructure vétuste, manque de personnel paramédical… A cela s’ajoute la violence à l’encontre d’un personnel hospitalier las, dépassé par les événements et qui se trouve très souvent confronté à des familles agressives qui manifestent violemment leur colère vis-à-vis d’une qualité des soins qui laisse à désirer à cause de l’insuffisance des ressources dont disposent les médecins et le personnel paramédical.

Le décret 2019-341 dans le collimateur

L’attentisme du ministère de la Santé face à la détérioration des conditions de travail des professionnels de la santé dans les établissements hospitaliers et le retard observé dans l’application des accords-cadres forment la toile de fond de la décision prise par le syndicat générale des médecins, pharmaciens et des médecins dentistes qui a décidé de débrayer de nouveau (programmée le 16 décembre dernier, la grève prévue aujourd’hui, a été une nouvelle fois reportée) afin de mettre la pression sur l’autorité de tutelle qui montre peu d’empressement à engager la réforme du système hospitalier public. Les chantiers sont nombreux : outre l’amélioration des conditions de travail, le ministère est appelé aujourd’hui à trouver une solution urgente à la pénurie de certains médicaments introuvables dans les officines des hôpitaux et des dispensaires. Autre motif de mécontentement : le décret 2019-341 qui, voulant rapprocher le plus possible les études médicales des standards internationaux, pose certaines conditions, pour l’obtention du statut de «médecin de famille» par les médecins généralistes, provoquant la colère de ces derniers obligés de revenir sur les bancs de la faculté pour suivre une formation complémentaire afin d’obtenir leur habilitation à l’exercice de la médecine de famille. Alors qu’ils n’ont pas été impliqués dans le processus de ce nouveau texte de loi, ce sont eux qui assurent l’encadrement des nouveaux médecins de famille fraîchement diplômés de la faculté. «On ne tient pas compte de notre ancienneté mais de surcroît on nous demande de suivre une formation alors que d’un autre côté, nous sommes appelés à assurer la formation et l’encadrement des étudiants qui suivent cette spécialité de médecine de famille. Cela n’a pas de sens», a observé Dr Noureddine Ben Abdallah, médecin généraliste major et secrétaire général du syndicat des médecins, dentistes et pharmaciens hospitaliers. Il reproche, par ailleurs, au ministère de ne pas avoir tenu ses promesses relatives, entre autres, à l’attribution d’une indemnité exceptionnelle au personnel médical dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. «Alors que les médecins généralistes ont combattu en première ligne dans la lutte contre le Covid-19, ce sont finalement les agents administratifs et le personnel paramédical qui ont reçu cette indemnité», ajoute le secrétaire général du syndicat. La liste est longue et les mouvements de protestation  se poursuivront aussi longtemps que les revendications des blouses blanches demeureront irrésolues et insatisfaites !

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